Hollywood est parfois perçu comme une immense machine de propagande au service de l’idéologie libérale et progressiste. Et il est vrai que, assez souvent, les œuvres cinématographiques qui en ressortent ne manquent pas de faire la promotion d’un certains nombre de valeurs propres à l’ère du temps : hédonisme, individualisme, consumérisme…
Se limiter à cette approche cependant serait oublier qu’il existe un cinéma plus anticonformiste, qui rompt avec cette vocation propagandiste des studios californiens et prend les pseudo-valeurs sus-décrites à contrepied en présentant la tradition sous un jour favorable.
C’est le cas tout d’abord de « Autant en emporte le vent » (Gone with the Wind), réalisé en 1939. Véritable chef-d’œuvre du cinéma américain, inspiré du roman éponyme de Margaret Mitchell, considéré par l'American Film Institute comme le quatrième meilleur film américain de l'histoire du cinéma, il est considéré comme le plus gros succès de l'histoire du cinéma avec plus d’un milliard deux cent cinquante millions de dollars de recettes.
L’action se déroule en Georgie, commence avant la guerre de sécession et se termine quelques temps après la fin de celle-ci. Elle raconte l’histoire de Scarlett O’Hara, une jeune fille issue de la haute société du Sud et de ses vicissitudes amoureuses.
Ce qui intéressera le réactionnaire dans ce film sera le regard porté sur la guerre de sécession ouvertement favorable au camp sudiste. Dans ce film, les élites du Sud qui réclament la guerre sont présentées comme portées par un noble sentiment de liberté et d’amour de leur identité et de leur indépendance (d’ailleurs, les élites sudistes iront se battre elles-mêmes sur le front) quand les nordistes sont dévoilés sous un jour extrêmement peu flatteur : les « blue-coats » y ressemblant davantage à des pillards et des bandits en uniforme qu’à une armée. Et, quand la guerre sera finie, le Nord y enverra ses profiteurs : ses « carpetbaggers », cosmopolites et cupides.
Dieudonné avait vu dans ce film une apologie de l’esclavage. En vérité, rien n’est plus faux et plusieurs scènes du film montrent bien que cet enjeu était largement secondaire et tenait davantage du prétexte pour le Nord qui, au demeurant, usa de l’abolition pour asservir plus encore le Sud.
Plus intéressant encore : le film montre bien que l’abolition de l’esclavage ne fit pas disparaître l’exploitation, mais que celle-ci prit une tournure plus insidieuse et, peut-être, plus inhumaine avec les pratiques importées du Nord.
Mais au-delà de la question de l’esclavage, qui encore une fois est reléguée au second plan et n’est absolument pas cautionnée par l’esprit général du film, ce sont les idées d’identité, de tradition, de liberté et de communauté qui prévalent dans ce film et qui sont indissociablement liées. « Vous pourrez raconter à vos enfants comment vous avez vu disparaître le Sud » contient une tirade de Rhett Buttler à l’adresse de Scarlett. Le Sud ne disparaît pas géographiquement, sa population n’est pas exterminée mais c’est son âme qui est anéantie : son organisation sociale détruite, ses grandes familles réduites à l’état de misère, sa fierté écrasée, son sort livré entre les mains de la vulgarité capitaliste du Nord. L’on comprend alors à quel point un peuple que l’on prive de son identité se voit priver également de sa liberté.
Un film qui commence à dater mais qui n’a pourtant pas pris une seule ride quant au message qu’il porte.
(Note des royalistes du Nivernais) Sur les anciennes terres américaines Françaises et espagnoles, les esclaves étaient en fait traités en servage; à la deuxième génération les enfants issus des populations affricaines étaient affranchis; la première génération ne pouvait l'être en raison de l'immense différence de civilisation entre des populations tribales souvent antropophagiques et la civilisation américaine occidentale du 19è siècle.)
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